L'enthousiasme, la passion des pour les
sciences quantitative ne doivent pas nous empêcher d'avoir un peu de
clairvoyance. Aujourd'hui, c'est de science des aliments dont je veux
vous entretenir. On entend parler de sciences des aliments, de
science de l'aliment, de sciences de l'aliment, de science des
aliments... Finalement, de quoi s'agit-il au juste ? Dans tous
ces noms, il y a « science » et il y a « aliment ».
Commençons par la science. Dans ces
billets, je prends le plus grand soin à distinguer les sciences
quantitatives et la technologie. Les sciences quantitatives ?
Ce sont la physique, la physico-chimie, la biologie... Pour les
sciences quantitatives, l'objectif est clair : c'est la
recherche des mécanismes des scènes. Voilà pour l'objectif
immédiat ; l'objectif le général, fondamental, est de le lait
est un coin du grand voile, de mieux comprendre le monde. Des
sciences des aliments dignes de ce nom ne doit se pas déroger à la
règle: elles doivent donc explorer les aliments, afin de comprendre
leur nature, leur constitution. Il s'agit d'une recherche de
connaissance pure, puisqu'il s'agit de science et nom de technologie.
Une recherche de connaissances, donc, où l'on doit entièrement
négliger les possibles applications techniques.
Ces études de sciences quantitatives
diffèrent donc des études technologiques qui viseraient précisément
les applications. Un exemple : l'oeuf dur. Quand on cuit un œuf
dans l'eau bouillante, il durcit. Ce phénomène mérite d'être
exploré par les sciences quantitatives. Cependant, si l'on cherchait
maintenant à obtenir un œuf dur coagulé et transparent (comme dans
les œufs de longévité qui viennent d'Asie), alors ce serait une
recherche technologique, et non plus scientifique.
L'aliment, maintenant. Ce n'est pas un
ingrédient alimentaire : je propose de ne pas confondre ce que
l'on mange, le met, l'aliment, et les ingrédients avec lesquels on
obtient l'aliment, c'est-à-dire les ingrédients alimentaires.
Finalement la compréhension des objets
que l'on étudie et de l'activité qui est la nôtre me semble être
la seule possibilité d'aboutir à une science des aliments juste,
claire, efficace. Mon enthousiasme va surtout vers une telle
activité. Modestement, toutefois, car je déteste la prétention :
pourquoi l'oeuf coagulé durcit-il quand on le cuit dans l'eau
bouillante ? Pourquoi le blanc devient-il caoutchouteux après
plus de 20 minutes de cuisson ? Pourquoi le jaune devient-il
sableux lors d'une cuisson prolongée ? Il est tout à fait
extraordinaire qu'au XXIe siècle, de telles questions n'aient
toujours pas de réponse. Décidément, il y a de la place pour le
travail de jeunes gens talentueux qui comprendront clairement ce
qu'ils font.
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