Samedi 11 mai 2013:
Vive les sciences quantitatives ! : Les beautés du calcul
La vulgarisation scientifique est
évidemment essentielle : il s'agit de partager avec la
communauté tout entière les résultats des sciences quantitiatives,
de souder la communauté humaine autour du projet extraordinaire des
sciences de la nature, de la Connaissance !
Toutefois ma longue pratique de la
vulgarisation (ah, ce merveilleux journal qu'est Pour la Science !
Ah, cette merveilleuse émission de télévision que fut un temps
Archimède, sur Arte ! ah...) m'a montré une
limite de l'entreprise : dans les articles, films, podcasts, etc. on
montre des phénomènes, des expérimentations, mais jamais on ne
montre les calculs. Pis encore, je me souviens d'un livre célèbre
de vulgarisation par Stephen Hawkings, où ce cosmologiste racontait
que son éditeur lui avait formellement déconseillé de mettre des
équations dans le livre, sous peine qu'il ne se vende pas. Telle est
l'idée générale, dans le monde des sciences de la nature, des
sciences quantitatives, comme dans le monde de la vulgarisation
scientifique.
Pourtant les sciences quantitatives
ont cela de particulier qu'il s'agit de tout « nombrer »,
comme le disait Francis Bacon, un des pères de la science moderne,
de tout mesurer... Et c'est parce que Galilée procéda ainsi qu'il
introduisit une véritable science du mouvement, après des sciences
de baratin philosophique. Oui, il faut dire que c'est parce que les
sciences quantitatives font usage constant du calcul qu'elles
évitent des théories fumeuses. Le calcul, c'est la composante
essentielle des sciences quantitative, leur particularité... Il ne
s'agit pas de faire des mathématiques, qui sont une activité de
découverte des structures mathématiques. Non, il s'agit d'utiliser
les outils des mathématiciens, et d'autres que l'on peut introduire
en cas de besoin, afin de décrire les phénomènes, de chercher des
lois... Cette utilisation impose des compétences... « Impose » ?
Non, le mot est mal chosi, car on devrait dire au contraire que la
nécessité de calculer donne la merveilleuse possibilité d'obtenir
des compétences nouvelles, de calcul ; la nécessité de
calculer nous conduit à apprendre. N'est-ce pas merveilleux ?
Oui, merveilleux... mais le plus
remarquable, c'est que le calcul, au fond, est quelque chose de très
simple... à condition de s'entraîner : plus on en fait, mieux
on en fait ! Progresivement, on apprend à découvrir un monde
abstrait, merveilleux, qui s'ajoute à celui des phénomènes, qui se
superpose en quelque sorte. Autrement dit, les gens des sciences
quantitatives vivent dans deux mondes : le monde matériel
connu, et le monde immatériel du calcul.
Je disais que la vulgarisation avait
des limites, à savoir que, jusqu'à présent, elle a cherché à
éviter de montrer ce monde merveilleux, mais chaque génération
peut se charger des tâches de son époque : je propose que les
vulgarisateurs de talent du XXI e siècle s'emparent de cette
nouvelle tâche, et qu'ils apprennent progressivement à montrer à
tous les beautés merveilleuses du calcul.
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