La semaine dernière, j'ai vanté les
beautés du lavage des verreries. Cette semaine, je voudrais
expliquer pourquoi le je me passionne pour les pesées.
Evidemment, on pourrait craindre
quelques pisse vinaigres qui iraient critiquer cette enthousiasme
pour les petites choses... mais comment produire des connaissances de
bonne qualité si les données de base sont fautives ? Dans un
laboratoire de physico-chimie, la pesée est une opération de base,
au sens qu'elle détermine les grandes envolées théoriques que l'on
pourra faire ensuite. Sans précisions dans les dosages, on ne fait
rien de bon.
Peser est-il une opération réellement
passionnante ? Oui, pour qui sait voir la beauté de la chose.
Par exemple, quand on pèse avec une balance électronique moderne,
on a parfois le sentiment que nous savons faire des choses bien plus
avancées que nos prédécesseurs... et nous nous trompons : les
anciennes balances utilisées par les pères de la chimie moderne
étaient d'une précision remarquable, et si leurs mécanismes
semblent antédiluviens, ils permettent toutefois d'aboutir à des
déterminations remarquablement précises !
Or quand on utilise des instruments de
mesure précis, le monde se complique merveilleusement : la
moindre poussière qui tombe, le moindre courant d'air, la moindre
différence de température, la moindre vibration sont à l'origine
d'erreurs, de variations, de fluctuations... Il faut alors dépenser
des trésors d'ingéniosité pour lutter contre les oeuvres du
diable, lequel est caché derrière chaque geste expérimental.
Car il faut répéter que ces mesures
sont la bases des élaborations théoriques ultérieures. Faut-il
alors aimer la pesée pour ce qu'elle permettra de faire ? Je
crois que ce serait une erreur que de ne pas apprendre à aimer la
pesée pour ce qu'elle est. Ce qu'elle est, la détermination d'une
masse. Une masse ? Pendant que nous passons du temps à peser,
prenons un moment pour réfléchir à ce qu'est une masse : on
aboutira peut-être à ce principe d'équivalence, bien reconnu par
Albert Einstein, qui assimile la masse pesante à la masse inerte,
celle qui apparaît lors des études du mouvement. Il y a là une
assimilation aussi extraordinaire que celle du nombre pi qui apparaît
quand on calcule le périmètre du cercle, et celui qui survient
quand on détermine la surface du disque limité par ledit cercle.
Pourquoi ces deux nombres sont-ils identiques ? Pourquoi la
masse pesante serait-elle la masse inerte ?
C'est parce que la simple pesée
conduit à de telles questions que la pesée est une opération
merveilleuse !
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