Dimanche 28 avril 2013 :
Les merveilleuses applications des
sciences : les sciences appliquées n'existent pas.
Cette fois, encore, puisque nous
inaugurons une autre façon de blogger, avec un rendez vous quotidien
et particularisé, il faut que je discute de façon générale,
plutôt que de façon particulière : au lieu de montrer une
application des sciences qui mérite l'enthousiasme, nous allons
commencer par faire état du champ qui sera considéré le dimanche.
Ce champ, c'est celui de la technologie
et des techniques. Technique : on fait ; technologie :
on étudie la technique en vue de l'améliorer. Rien à voir avec les
sciences quantitatives, donc. Ou, plutôt, si : le bon
technologue est aussi celui qui sait aller chercher dans les
résultats des sciences quantitatives des idées, des résultats, qui
sait les comprendre, les sélectionner, et qui, surtout, sait les
faire venir dans le champ technique pour produire des innovations. Le
mouvement est donc clair, les compétences spécifiques, et mon ami
Pierre-Gilles de Gennes disait justement que nous avons le devoir de
former de très bons ingénieurs de recherche, et que cette activité
d'innovation est essentielle, importante.
Pourtant notre pays (et d'autres) a
fait l'erreur de clamer « vive la science » (au lieu,
d'aileurs, de « vive les sciences quantitatives »), ce
qui a eu pour conséquence que de nombreux étudiants ont voulu aller
faire de la recherche scientifique, secteur où le nombre de postes
est limité. Du coup, ces étudiants ont été « refusés »,
et, très logiquement, attristés. D'ailleurs, la mise en exergue des
sciences quantitatives dans l'enseignement, avec l'utilisation de ces
dernières comme outil de sélection, a également eu pour
conséquence que tous ceux qui n'ont pas passé le crible des
sciences voient ces dernières comme une règle avec laquelle on leur
a tapé sur les doigts : comment aimer les sciences, dans ces
conditions ?
Bref, je crois :
- que nous devons apprendre à clamer « Vive la technologie, vive les techniques », comme le faisait le grand vulgarisateur Louis Figuier, qui fut à l'origine d'une pépinière de grands ingénieurs français
- que nous devons enseigner la technologie et les techniques dès l'Ecole, en montrant les beautés de ces activités (dans le champ culinaire, il y a zéro chômage, de surcroît)
- que nous devons cesser de confondre les sciences (quantitatives) et leurs résultats : que voulons-nous enseigner, de la méthode ? Des résultats ? Des compétences spécifiques de chercheur ? Pour quel but ?
- Que, dans la mesure où la technique intervient dans le monde, nous ne pouvons pas éviter de considérer les questions morales, politiques, économiques, éthiques qui accompagnent la technologie et les techniques
Surtout, on évitera la faute qui
consiste à parler de « science appliquée », car CELA
N'EXISTE pas : il n'y a pas une catégorie de sciences à
laquelle on puisse donner le nom de sciences appliquées, mais
seulement des applications des sciences. Et, le dimanche, je
m'émerveillerait de quelques applications des sciences !
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