Le musée de la faculté de pharmacie de Paris ?
C'est un musée extraordinaire, bien inconnu, au deuxième étage de la Faculté de pharmacie de Paris, près du jardin du Luxembourg.
Un musée ? Aujourd'hui, cela semble ringard, mais en réalité, que d'émerveillement possible !
Montons donc les escaliers, et visitons. Le musée est composé de quelques très grandes salles contiguës, divisées seulement par des rayonnages, des vitrines...
Qui trouve-t-on ? Des bocaux, des objets, des panneaux, des textes... mais surtout des objets. Par exemple, ces fléchettes empoisonnées au curare qui furent à la base des travaux du grand physiologiste français Claude Bernard. Des bocaux, aussi : à côté d'écorce de quinquina, des flacons qui contiennent la quinine extraites de cette matière végétale. Les noms célèbres associés à cette extraction, cette découverte, sont ceux de Caventou et Pelletier. Leur travail fut extraordinaire, parce qu'il procurait ainsi des antipaludéens. Et puis, tout autour, des matières végétales ou animales par milliers, patiemment recueillies jusqu'au bout du monde, des trésors pour l'ethnopharmacologie, cette discipline qui va chercher dans les savoirs populaires médicaux des indications sur les matières végétales ou animales dont on peut extraire des principes actifs de médicaments.
Intéressé par ces questions, le grand chimiste et pharmacien Pierre Potier, décédé il y a quelques années, fut à l'origine de 95 % des royalties de tout le CNRS (de tout le CNRS !!!!), grâce à la bonne compréhension de l'élaboration végétale du Taxol, composé présents dans le tronc de l'if et dont il fit un médicament connu sous le nom de Taxotère. Pierre Potier eut le génie des substances naturelles, à la suite des Caventou, Pelletier, Braconnot, Payen...
Pierre Potier disait qu'il y avait beaucoup à trouver au « magasin du bon Dieu ». Il trouva beaucoup lui-même, effectivement, mais les ressources du monde végétal sont loin d'être toutes identifiées !
Ce monde, élaborée au cour de milliards d'années d'évolution, s'est progressivement embelli de composés aux structures moléculaires extraordinairement complexes, qu'il serait donc impossible, souvent, de synthétiser en laboratoire. Songeons qu'il fallut près de 300 chimistes-an pour synthétiser la seule vitamine B12, et que parmi ces chimistes figurèrent plusieurs personnes qui reçurent ensuite le prix Nobel de chimie !
Si j'avais 20 ans et si je n'étais pas « condamné » à développer la gastronomie moléculaire, je crois que je n'hésiterais pas une seconde : je visiterais le musée de la Faculté de pharmacie de Paris... Et je me lancerai ensuite dans l'exploration du magasin du bon dieu.
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