Mon
goût quasi immodéré pour le poisson aurait dû depuis longtemps me
faire aborder ce sujet. Pourtant, je ne sais pas vraiment pourquoi,
je tourne toujours autour de la question des œufs, des légumes et
des viandes, comme prototype d'explication de la cuisson.
Du
point de vue de la pédagogie, de l'explication, il est bon de situer
l'étendue des variations entre le blanc d'oeuf et la viande. Le
blanc d'oeuf, c'est le système le plus simple, puisqu'il est composé
de 90 pour cent d'eau, de 10 pour cent de protéines, avec une
structure réduite au minimum. A l'opposé, la viande la plus dure
est faite de fibres, à l'intérieur desquelles se trouve une matière
analogue au blanc d'oeuf (pour l'explication, tout du moins), fibres
dont l'enveloppe est un tissu collagénique, et qui sont réunies en
faisceaux par du tissu collagénique. Autrement dit, dans la viande,
il y a deux composantes : du blanc d'oeuf et du tissu
collagénique.
Le
poisson est intermédiaire, car c'est du tissu musculaire, comme la
viande, mais la quantité de tissu collagénique est faible.
Autrement dit, il y a une structure qui s'apparente à du blanc
d'oeuf fibreux, ou, plus exactement, du blanc d'oeuf intégré dans
des fibres. Lors de la cuisson du poisson, il y a donc la coagulation
de l'intérieur des fibres, et la séparation de ces dernières,
séparation facile puisque le tissu collagénique est en faible
quantité. En conséquence, la cuisson durcira le poisson, plutôt
qu'elle ne l'attendrira dans le cas des viandes dures. Le
durcissement sera dû à la coagulation de l'intérieur des fbires,
et l'on comprend qu'on n'aura guère intérêt à beaucoup prolonger
la cuisson... à cela près que les voies artistiques sont
impénétrables.
Contrairement
aux viandes, la chair du poisson n'est pas bien rouge, mais il
demeure vrai que la chair peut perdre sa transparence par le même
type de mécanismes que dans la viande. La cuisson basse température
pour le poisson ? Si l'on entend par « cuisson basse
température » une cuisson à basse température de longue
durée, généralement appliquée aux viandes en vue de dissoudre le
collagène, ce procédé n'a guère d'intérêt. En revanche, si l'on
entend la maîtrise de la température de cuisson appliquée à
l'ensemble de la pièce en vue de commander une consistance
particulière, alors les mêmes remarques que pour l'oeuf
s'appliquent, et c'est ainsi que l'on envisagera des cuissons à 6X
degrés, abréviation qui signifie 61, 62, 63, 64, etc.
J'ai
donc eu tort de négliger la cuisson du poisson, car, comme pour les
œufs, une grande variété de résultats est accessible. Comme quoi
il n'est pas bon de confondre communication et contenu. j''ai souvent
utilisé l'oeuf comme support de communication, afin d'expliquer les
transformations moléculaires qui survenaient lors du chauffage d'un
mélange d'eau et de protéines, mais le contenu, c' est autre
chose : il s'agit d'obtenir des résultats particuliers. Mea
culpa,
cet exemple me montre que je dois maintenant examiner plus en détail
de nombreux sujets que j'ai négligés par le passé, et y mettre un
peu d'intelligence, afin de partager avec mes amis des contenus qui
en valent la peine.
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