Les livres de cuisine
indiquent, depuis des siècles, que les bouillons de viande doivent
toujours démarrer à l'eau froide, et jamais à l'eau chaude, sans
quoi la viande, qui coagulerait en surface, ne laisserait par sortir
autant le jus que si elle est plongé dans l'eau froide. Que penser
cette prescription ?
La première expérience à
faire consiste à placer deux moitiés d'une même viande (pour simplifier, on fait des morceaux de même masse), l'une
dans l'eau froide, et dans l'autre dans l'eau bouillante, puis on
pèse à intervalles irréguliers.
Analysons : s'il était
vrai que la viande placée dans l'eau chaude laissait moins sortir
les jus que dans l'eau froide, cela signifierait que la viande de
chaude devrait avoir une masse supérieure à la viande dans l'eau
froide.
De fait, les mesures
montrent des différences entre les viandes froides et dans l'eau
chaude... mais les différences sont exactement l'inverse de celles
qu'on attendait ! Dans l'eau chaude, la masse de la viande à l'eau
froide est inférieure à la masse de la viande à l'eau chaude ;
puis, après environ une heure et demie, les deux morceaux de viande
ont la même masse au gramme près ! Ce qui compte, c'est la
température atteinte au cœur de la viande, et non pas la façon
dont on attteint cette température.
Certes, nous n'avons pas
considéré le goût, mais seulement la masse, et l'on pourrait
imaginer que les bouillons soient différents. Toutefois, dans nos
essais, nous n'avons pas vu différence de goût entre les deux
bouillons, ce qui est ... troublant.
Troublant : c'est le mot
important, car il est vrai que la viande dans l'eau bouillante
produit un bouillon bien plus trouble que dans l'eau froide. Or le
monde culinaire veut des bouillons clairs. C'est peut-être là
l'origine la précision culinaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Souvent, les auteurs de commentaires ne laissent pas d'adresse email, et c'est bien dommage, parce que je ne peux répondre à des questions personnelles que par des messages collectifs. N'hésitez pas, simultanément, à m'envoyer un email à herve.this@paris.inra.fr